Le voyage de mes héroines
A toutes mes amies, collègues, élèves, apprenantes, femmes de ma famille, femmes d’ici de là et d’ailleurs qui avaient pris vos destins en main, vous êtes levé et avez brisé des tabous, êtes sorti du cadre pour oser vivre votre vie, vous mettre en danger, risquer, transgresser. Vous avez cassé les cadres et les codes pour être vous-même et vivre votre identité, pas celle que la société vous avez assignée.
Toutes ces femmes ont démontré une force de caractère exceptionnelle, un courage no-limit , et une persévérance à toute épreuve. Elles ont ouvert des voies et nous leur devons la gratitude qu’elles méritent.
La première de mon panthéon :
Elle fut exploratrice érudite, mais aussi bouddhiste franc-maçonne, cantatrice anarchiste, et féministe tibétologue. Mais Alexandra David-Neel est surtout la première femme occidentale à entrer au Tibet, en 1924.
À 56 ans, elle franchit clandestinement la frontière du Tibet, déguisée en mendiante, un acte audacieux qui la rendra célèbre partout dans le monde.
Elle rencontre le Dalaï-Lama, suit des enseignements ésotériques, parcourt l’Himalaya sur les traces de Bouddha, elle se retire dans des ermitages à 5 000 mètres d’altitude et fait du jeune Tibétain qui l’accompagnera sa vie durant son fils adoptif. Son maître yogi lui donne le titre religieux de “Lampe de la sagesse”.
À 64 ans, de retour en Provence, à Digne-les-Bains, elle fonde le premier ermitage lamaïste de France et y écrit une dizaine d’essais.
À 69 ans, le Transsibérien la conduit en Chine pour étudier le tao. À 100 ans, infatigable exploratrice, elle demande le renouvellement de son passeport avant de s’éteindre quelques mois plus tard.
Ses cendres seront éparpillées dans le Gange.
Alexandra David-Neel : « Une âme, ça n’existe pas pour les bouddhistes. Une personnalité, pour les bouddhistes, c’est un amalgame, une composition de différentes choses : des idées, des sensations, etc. »
Première femme à franchir le mur du son en Europe, la Française Jacqueline Auriol, a été l’une des grandes aviatrices du XXe siècle. « Vivre et voler », son livre raconte ses exploits, son terrible accident, qui ne l’empêchera pas de revoler et d’être la première femme pilote d’essai sur Concorde. Quand le charme et l’élégance s’allient au courage, quel mélange détonnant !
« La véritable Jacqueline Auriol » , livre de Jean Pierre Poirier fait revivre l’histoire héroïque de l’aviation et de la recherche en aéronautique auxquels son nom est à jamais associé. Il met l’accent sur les obstacles et les difficultés qui, loin de la décourager, l’ont au contraire stimulée, comme le dramatique accident d’avion qui nécessita pas moins de vingt-deux interventions chirurgicales pour lui refaçonner un visage humain .
Lucie Aubrac, (Samuel de son vrai nom) était une grande figure de la Résistance française. Dès 1940, elle prend le maquis et adopte le nom de guerre « Aubrac ». Elle organise alors l’évasion de plusieurs résistants, dont celle de son mari, Raymond Aubrac, fait prisonnier en 1943 en même temps que Jean Moulin. C’est en organisant un faux mariage en prison avec lui qu’elle parvient à lui faire part de l’opération commando qui le délivrera. Après cette opération, Lucie Aubrac entre dans la clandestinité et rejoint Londres en 1944.
Une des grandes figures de la libération s’éteint avec la personne de Lucie Aubrac. Connue pour avoir organiser la libération de son mari Raymond Aubrac en 1940, elle participe ensuite à la création et aux actions du mouvement de résistance « libération » dans le sud-est. Participant à l’Assemblée du Gouvernement provisoire à la libération, elle a ensuite passé une partie de son existence à témoigner de son engagement dans la résistance et à transmettre ses valeurs. Elle est enterrée le 21 mars avec les honneurs militaires dans la cour des Invalides .
Née le 4 février 1913 à Tuskegee (Alabama) aux Etats-Unis, Rosa Parks est une femme afro-américaine du début du XXe siècle. Elle est devenue l’icône du American Civil Rights après avoir refusé de se lever dans un bus pour céder sa place à un Blanc, dans une Amérique encore fortement marquée par la ségrégation raciale. C’était le 1er décembre 1955. Elle a ensuite passé sa vie à se battre pour l’égalité raciale, avant de s’éteindre le 24 octobre 2005 à Détroit (Etats-Unis).
Rosa et Raymond Parks
Rosa Parks naît en 1913 dans l’Alabama. À 11 ans, poussée par ses parents, elle suit le cursus de l’Industrial School for Girl à Montgomery, puis elle poursuit des études secondaires à l’Alabama State Teachers College for Negroes. En 1932, elle épouse Raymond Parks, membre de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP). Il l’encourage à reprendre ses études, interrompues pour prendre soin de sa mère et de sa grand-mère malades. Rosa Parks obtient ainsi un niveau d’études élevé, fait rare pour les gens de couleur à cette époque. Au cours de sa vie, Rosa Parks a occupé plusieurs fonctions : couturière, aide-soignante, et femme de ménage pour un couple de Blancs libéraux, qui l’encourage à suivre une formation sur les droits des travailleurs et l’égalité raciale. Rosa Parks devient membre du American Civil Rights Movement et secrétaire du NAACP à Montgomery.
Le 1er décembre 1955, Rosa Parks monte dans un bus. Elle refuse d’obéir à l’injonction du chauffeur, James Blake, lui demandant de se lever pour céder sa place à un Blanc. Elle est arrêtée et emprisonnée. Le lendemain, un boycott contre la compagnie de bus est lancé par un jeune pasteur alors méconnu, Martin Luther King. Ce boycott dure plus d’un an, et prend fin à l’annonce par la Cour suprême de l’abolition des lois ségrégationnistes dans les bus. Rosa Parks continue de se battre toute sa vie pour l’égalité raciale. Son acte de résistance de ce jour de décembre 1955 reste un symbole fort de la lutte contre la ségrégation aux États-Unis.
Découverte du radium
Prix Nobel de physique en 1903
Prix Nobel de chimie en 1911
La future Marie Curie naît Maria Sklodowska le 7 novembre 1867 dans un vieux quartier de Varsovie. Son père est professeur de mathématiques et de physique et sa mère est institutrice. La découverte de la philosophie d’Auguste Comte, le fondateur du positivisme et de la sociologie, renforcera sa passion pour la physique et les mathématiques. Sa famille étant devenu désargentée, et l’accès aux études scientifiques étant peu commun pour une femme à cette époque, sa décision de poursuivre une carrière scientifique va la confronter à de multiples difficultés. Marie quitte la Pologne pour la France en 1891. Elle étudiera les mathématiques en suivant les cours de deux mathématiciens de renom, Paul Painlevé et Paul Appell, ainsi que des physiciens Léon Brillouin et Gabriel Lippmann. Ce dernier, très impressionné par les qualités de Marie, obtient pour elle la commande d’une étude sur l’aimantation de différents types d’acier. Mais la chercheuse, qui a aussi obtenu une licence de mathématique, manque de connaissances sur le magnétisme de la matière, et cela va la conduire à se renseigner auprès d’un des plus grands spécialistes de l’époque : Pierre Curie.
Elle hésitera à accepter la demande en mariage de Pierre Curie, pensant un temps avoir un poste à l’université en Pologne où elle était retournée. Elle reviendra sur sa décision et le couple se mariera le 26 juillet 1895, à Sceaux. De cette union naîtra en 1897 Irène Curie qui, comme sa mère, décrochera un prix Nobel de chimie. La même année, elle entreprend des recherches sur un nouveau phénomène que venait de mettre en évidence Henri Becquerel, ayant choisi ce sujet pour sa thèse de doctorat. Ce nouveau phénomène sera baptisé par Marie du nom de radioactivité. Rejointe en 1898 par Pierre Curie qui abandonne ses recherches sur la piézo-électricité, ils annonceront la même année qu’ils ont réussi à extraire des tonnes de ce minerai deux nouveaux éléments radioactifs, le radium et le polonium. Cette découverte leur vaudra l’attribution du prix Nobel de 1903 avec Becquerel. Pierre Curie meurt d’un accident de rue en 1906. Marie Curie remplacera Pierre à son poste de professeur à la Sorbonne, une grande première pour l’époque. En 1909, elle est nommée professeur titulaire dans sa chaire de physique générale, puis de physique générale et radioactivité.
En 1911, elle décrochera le prix Nobel de chimie et sera la seule femme présente au mythique congrès Solvay de cette même année. Là-bas, elle discutera avec Ernst Rutherford et une jeune étoile montante de la physique théorique, Albert Einstein, avec qui elle restera liée. Pendant la première guerre mondiale, Marie Curie va beaucoup s’impliquer pour que la nouvelle technique de la radiographie soit disponible sur le front, afin d’aider les chirurgiens à localiser puis extraire les fragments métalliques dans le corps des blessés. Sa fille Irène, âgée seulement de 18 ans, l’assistera.
Après la guerre, son exemple constituera une aide précieuse dans les différentes luttes pour la cause des femmes, en particulier bien sûr dans le domaine des sciences. Elle deviendra une figure médiatique aux États-Unis, où elle fera campagne pour récolter des fonds pour la recherche scientifique avec du radium. Malheureusement, les longues heures d’expositions à des substances radioactives avant qu’on n’en connaisse vraiment la dangerosité vont conduire à détériorer sa santé. Elle développe une leucémie.
Elle se rend au sanatorium de Sancellemoz en Haute-Savoie en 1934 où elle décède le 4 juillet.
Ses calculs ont permis aux Etats-Unis de conquérir la Lune. La mathématicienne américaine Katherine Johnson s’est éteinte à l’âge de 101 ans, a annoncé la NASA lundi 24 février 2020.
La carrière de cette grande figure chez les Noirs américains a inspiré le film Les Figures de l’ombre, sorti en 2016, adapté du livre de Margot Lee Shetterly, qui racontait l’apport trop souvent ignoré des femmes noires dans la conquête américaine de l’espace.
Titulaire d’une licence de mathématiques, Katherine Johnson avait rejoint le programme spatial américain – la future NASA – en 1953, et avait pour tâche principale de contrôler le travail de ses supérieurs à l’aide de calculs.
A cette époque, la ségrégation raciale était encore en vigueur aux Etats-Unis, et la scientifique œuvrait à un poste de « colored computer » (« ordinateur de couleur ») avec des douzaines d’autres mathématiciens noirs, à l’écart de leurs collègues blancs. C’est seulement en 1958 que son équipe a été intégrée à d’autres divisions de la NASA, pour faire partie du premier programme de vol spatial habité des Etats-Unis.
Katherine Johnson a alors participé aux calculs du vol d’Alan Shepard, le premier Américain à se rendre dans l’espace.
Pendant sa carrière de trois décennies pour l’agence spatiale, Katherine Johnson a développé des équations cruciales ayant permis aux Etats-Unis d’envoyer des astronautes en orbite et sur la Lune, des formules toujours utilisées dans la science aérospatiale contemporaine. Elle a notamment calculé les trajectoires d’Apollo-11, la mission historique qui a fait de Neil Armstrong le premier homme à marcher sur la Lune en 1969.
La NASA a rendu hommage lundi à la scientifique. « C’était une héroïne de l’Amérique, une pionnière dont l’héritage ne sera jamais oublié », a écrit James Bridenstine, le patron de l’agence spatiale américaine.
Katherine Johnson a permis « d’éliminer les barrières raciales et liées au sexe », a de son côté salué la NAACP, la plus grande organisation de défense des Noirs aux Etats-Unis.
Et puis il ne faut surtout pas oublier les héroïnes anonymes du quotidien qui se battent seules, les femmes cheffes de famille qui luttent pour élever dignement leurs enfants dans un environnement qui ne leur facilite guère la tâche.
Et vous qui sont vos héroïnes ?
MF
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