Je suis allée au théâtre du Rond Point samedi soir voir un spectacle ébouriffant « Dans ton cœur ! » de Pierre Guillois et la compagnie circassienne Akoreacro.

Le synopsis est simple, une histoire d’amour…mais le traitement de cette histoire vous laisse ébaubi devant tant d’acrobaties !

Dans cette histoire d’amour se conjuguent à merveille l’imagination foisonnante et l’humour mordant du metteur en scène avec les prouesses techniques des interprètes. Du coup de foudre aux disputes, les frigos valsent et les machines à laver s’illuminent, tandis que les corps s’envolent dans de vertigineuses figures au rythme effréné d’une musique jouée en direct. Huit acrobates et quatre musiciens donnent naissance à un ébouriffant charivari acrobatique.

Alors que, du bord de son trapèze, un artiste en attrapait un autre par les mains/les pieds/ dans un mouvement rapide et circulaire dans une chorégraphie parfaite, le public (et moi !!) avions le souffle suspendu entre fascination et terreur.

Que se passerait-il si l’un d’entre eux lâchait l’autre ? Pas de grande sécurisation et donc le risque de blessure, voire pire est présent et même palpable. Quel niveau de confiance pour remettre sa vie dans les mains d’un autre, pendu par les pieds à un trapèze se balançant au rythme de notre cœur affolé !

Le métier de ces artistes est singulier, leur corps est leur outil et ils le travaillent sans relâche pour en obtenir force, grâce et souplesse. Ils cherchent chacun à trouver leur identité et leur talent unique et particulier pour développer leur propre vision de leur métier et du cirque aujourd’hui. Ils trouvent les personnes avec qui ils vont partager cette même vision avec toujours en filigrane cet objectif éternel : divertir, émerveiller, créer, innover, embarquer le public dans une histoire, un univers unique. Et chaque troupe crée son univers et nous y invite.

Un collectif est né, une troupe, une communauté 😊

A l’intérieur de ce collectif, les identités sont claires, les talents reconnus et utilisés, les limites identifiées, on peut se reposer les uns sur les autres, se soutenir et permettre à chacun de prendre la place où il brillera au service de l’émerveillement du public.

J’imagine le nombre de chutes pour en arriver là, à cet acte héroïque de défier les lois de la pesanteur pour notre plus grand bonheur.

Je n’imagine pas une seconde qu’ils arrivent à ce niveau de virtuosité sans blessures et sans adaptation, sans se parler, sans coups de gueules et grosses frayeurs. Mais s’ils sont devant nous, c’est qu’ils ont réussi à surmonter tout cela, dépassés tous les obstacles et sont portés par leur projet collectif et le partagent avec brio.

Cela demande un sacré courage, remettre sa vie dans les mains de quelqu’un d’autre et le plus haut niveau de confiance qui soit non ? Je comprends que l’autre c’est moi, alors j’en prends soin.

Dans nos entreprises, si nous appliquions la même philosophie ?

Je rencontre souvent des personnes qui ont beaucoup travaillé et développé leurs savoirs et voltigent à des hauteurs intellectuelles avec aisance, développé une identité forte (Ego ?) mais ont souvent oublié de s’intégrer dans un collectif aux buts partagés et capable de prendre des risques, de tomber, de se mettre de côté pour faire briller les autres au service d’une mission plus grande qu’eux.

Et vous savez quoi ? Cette troupe fantastique était si joyeuse qu’à peine sortie de scène, elle a attrapé des instruments pour nous faire danser ! La confiance en soi et en l’autre et le dépassement de soi comme sources de joie profonde…voici ma leçon d’un samedi soir sur la Terre 😉